Guinée : des éleveurs ont-ils été attaqués dans la région de Kankan ?

La campagne électorale du scrutin présidentiel du 18 octobre dernier a été émaillée d’incidents. Malgré les contestations anti 3e mandat qui ont fait plusieurs pertes en vie humaine, l’ancien opposant historique Alpha Condé a brigué  un troisième mandat controversé. 

Dans la région de la Haute Guinée, précisément dans la sous-préfecture de Koumban à une trentaine de kilomètres de la Commune urbaine de Kankan, la cohabitation pacifique entre les éleveurs (peuls) et certains autochtones s’est terriblement détériorée. Des images partagées à des milliers de fois sur les réseaux sociaux montrent plusieurs personnes munies de coupe-coupe et de machettes emportant de la viande bovine. 

Selon nos informations, tout est parti d’une sollicitation presque « menaçante » des responsables locaux du parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, envers les éleveurs quasi-favorables à l’opposition de voter en faveur du président sortant, Alpha Condé. C’est ainsi que les éleveurs ont attiré l’attention des autorités administratives de Kankan. Nonobstant les démarches que les éleveurs ont entreprises auprès des autorités, ils ont été sévèrement attaqués par des autochtones présumés au début du mois de novembre. Les pertes enregistrées sont énormes : 207 bœufs, 86 moutons, 67 chèvres et 52 poulets ont été tués et des biens matériels. 

Elhadj Saïdou Diallo l’une des victimes qui s’est entretenu avec nos confrères d’africaguinee.com estime « que ce sont des gens haineux qui comprennent mal la vie actuelle et la politique qui ont poussé les uns à les attaquer. Lorsque nos cases ont été brûlées, nos éleveurs ont été logés par des autochtones qui nous avaient autorisées à s’y installer. Ce sont des ressortissants malintentionnés qui ont manipulé certains. Ce n’est pas l’autorité de Conakry qui a fait. C’est l’autorité préfectorale qui est derrière ça. »

En attendant, les victimes demandent à l’Etat d’agir afin de traquer les auteurs de l’attaque. De son côté, le gouverneur de Kankan Sadou Kéita rejette toute hypothèse d’un conflit communautaire. Pour lui, « Il ne s’agit pas d’un conflit entre malinkés et peuls. Il y a parmi les éleveurs, victimes de ces agissements, des malinkés. Il s’agit d’un litige entre les agriculteurs et les éleveurs ». 

Depuis la fin de la présidentielle du 18 octobre, une quarantaine de personnes ont perdu la vie selon l’opposition et une vingtaine pour le gouvernement. À ce triste bilan s’ajoute des arrestations, des blessés graves et des destructions des biens public et privé.