Guinée : voici l’origine de la vidéo de Takana Zion qui déchaîne actuellement les passions sur les reseaux sociaux

Depuis le 14 août dernier, l’extrait d’une vidéo du reggae man, Mohamed Mouctar Soumah alias Takana Zion, dans laquelle il affirme qu’« il n’y a pas de rappeurs en Guinée plus que lui [Djani Alfa]. Celui qui n’a pas confiance qu’il sorte l’argent. Je mets 50 briques [50 millions GNF] et il met 50 briques [50 millions GNF]. Les auditeurs vont appeler pour qu’on sache qui est le vrai rappeur… » est devenu virale. En réalité, cette courte vidéo visionnée à plus de 600 mille fois et largement commentée date du 17 octobre 2017.

Cette nouvelle polémique enfle entre le reggae man Takana Zion et le rappeur Djanii Alfa, au moment où la Guinée s’apprête à célébrer le deuxième anniversaire du coup d’État militaire du 5 septembre 2021 qui a porté au pouvoir le colonel Mamadi Doumbouya. D’un côté, un groupe d’artistes, entre autres Takana Zion, Oudy 1er et Maître Hitman, annonce l’organisation d’un concert « de la paix et de l’unité nationale » sur l’esplanade du Palais du Peuple et de l’autre, les Forces Vives de Guinée (FVG) – dont le FNDC où l’artiste Djanii Alfa est membre – appellent à une marche pacifique et citoyenne « pour exiger la rectification de la transition ».

Une vraie vidéo, mais… sortie de son contexte

Cette vidéo dans laquelle Takana Zion affirme « qu’il n’y a pas de rappeurs en Guinée plus que lui [Djani Alfa]. Celui qui n’a pas confiance qu’il sorte l’argent. Je mets 50 briques [50 millions GNF] et il met 50 briques [50 millions GNF]. Les auditeurs vont appeler pour qu’on sache qui est le vrai rappeur… » est hors-contexte ! Cet extrait est tiré d’un live fait par Takana Zion le 17 octobre 2017. A travers une recherche inversée d’images (voici comment procéder), la rédaction de GuineeCheck.org a retrouvé l’intégralité de la vidéo sur la page Facebook officielle de l’auteur du single Kanamacina.

Dans cette vidéo de 19 minutes 20 seconde, tournée donc en direct le 17 octobre 2017, Mohamed Mouctar Soumah alias Takana Zion s’en prenait aux producteurs et managers guinéens. Mais il s’en était pris spécifiquement au patron de la structure Benedi Records.  Au cours de ce live, il estimait à l’époque que « Djanii Alfa, Singleton et Steeve On Locks étaient ses artistes » et qu’il accepterait qu’aucune personne ne joue avec eux faisant allusion à des campagnes de désaffichage publicitaires.

À 8 minutes 37 secondes de cette vidéo réalisée à bord d’une piscine, il insistait qu’« il n’y a pas [un] rappeur [plus fort que Djani Alfa] en Guinée. Celui qui n’a pas confiance en cela, qu’il  sorte l’argent. Je mets 50 briques [50 millions GNF] et il met 50 briques, [les auditeurs des radios] vont appeler pour qu’on sache qui est le vrai rappeur ici en Guinée ».

Deux artistes qui ne s’entendent que temporairement…

Ce n’est pas le premier clash entre ces deux artistes. Depuis des années (1,2,3,4), ils s’affrontent par médias interposés. Souvent leur mésentente polarise également les débats entre leurs fans. En 2017, Takana Zion, Djanii Alfa et d’autres artistes avaient lancé le Collectif Wonkhai 2020. L’objectif était « non seulement conscientiser les citoyens de Conakry à travers de bons exemples, mais aussi  pousser les décideurs à prendre leurs responsabilités pour permettre une vie meilleure ». En résumé, ces artistes qui ont voulu s’unir pour « changer les choses en 2020 » – notamment empêcher un troisième mandat d’Alpha Condé – se sont séparés en 2018 sur fond de discorde, soit un an après la création dudit collectif.

Verdict

L’extrait de la vidéo dans lequel le reggae man Takana Zion martèle « qu’il n’y a pas de rappeurs en Guinée plus que lui [Djani Alfa]. Celui qui n’a pas confiance qu’il sorte l’argent. Je mets 50 briques [50 millions GNF] et il met 50 briques [50 millions GNF]. Les auditeurs vont appeler pour qu’on sache qui est le vrai rappeur… » est vrai. Mais il est issu d’un live Facebook d’octobre 2017. Donc, cette sortie n’a rien à voir avec les querelles actuelles qui opposent les deux stars guinéennes. 

Cet article a été rédigé par Sally Bilaly SOW dans le cadre du projet d’Éducation au Média à l’Information et au Numérique Plus (EMIN +) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo.

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