Partager la publication "Attention, cette “couverture à la Une” n’est pas du magazine Jeune Afrique !"
Il y a près d’une semaine, une cover ou “Une” attribuée au magazine Jeune Afrique (JA) a été partagée par de nombreux internautes, particulièrement sur le réseau social X (ex-Twitter) (1,2). Sur cette supposée Une, on attribue au Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, les propos suivants : « je ne dois rien à personne, sauf à la FRANCE ». (SIC). Mais, en réalité, les propos tenus dans les colonnes du magazine panafricain sont : « je ne dois rien à personne, sauf aux IVOIRIENS ».
L’entretien avait été réalisé en mai 2011 par Marwane Ben Yahmed, actuel directeur de publication du mensuel Jeune Afrique, au lendemain de la cérémonie d’investiture d’Alassane Dramane Ouattara (ADO), à l’issue d’une meurtrière crise post-électorale.
Vérification
Pour vérifier cette fausse Une ou cover, nous avons effectué une recherche inversée d’images. Cette technique que vous pouvez faire vous-même (en savoir ici comment procéder), nous a permis de retrouver la Une N°2629 du 29 mai au 4 juin 2011 trafiquée sur la page Facebook de Jeune Afrique. Vous pouvez aussi lire ledit entretien disponible sur le site de JA.
Fin 2019, à quasiment un an de la présidentielle ivoirienne du 31 octobre 2020, boycottée par une grande partie de l’opposition, cette fausse Une avait déjà été largement partagée sur les réseaux sociaux (1,2,3). Mais dans certains commentaires, des internautes avaient réussi à glisser la vraie Une.
L’auteur de l’entretien apporte des précisions
Nous avons contacté Marwane Ben Yahmed, le journaliste de Jeune Afrique qui avait réalisé l’entretien en mai 2011 avec le président Ouattara. Il confirme qu’« il s’agit bien sûr d’une fake cover. Utilisée j’imagine par des anti-ADO, pseudo-panafricains dans le style Seba, Yamb, Nyamsi et consorts. A l’origine, il s’agissait d’une interview effectivement réalisée par moi il y a plusieurs années, dont le titre (le vrai) était : « Je ne dois rien à personne, sauf aux Ivoiriens ».
Une Afrique de l’Ouest sous tension géopolitique
Le 26 juillet dernier, des militaires nigériens menés par le général Abdourahmane Tchiani, chef de la garde présidentielle, ont annoncé le renversement du Président Mohamed Bazoum. Ces militaires réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) cherchent, en vain, à obtenir la démission du président démocratiquement élu qui a succédé en avril 2021 à Mahamadou Issoufou. La fille aînée du président en détention, Zazia Bazoum, a indiqué au journal britannique The Guardian que la situation de sa famille « est très difficile actuellement ».
Le 10 août dernier, à son retour d’Abuja, capitale fédérale du Nigeria, où il a pris part au deuxième sommet extraordinaire de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la situation politique au Niger, le Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a annoncé au cours d’un point de presse que « La Côte d’Ivoire est prête et je viens de donner instructions au chef d’État-Major Général des Armées de commencer la mobilisation de ses troupes pour leur participation à cette opération de la CEDEAO » devant être déployée au Niger pour “rétablir le président démocratiquement élu”. Même si l’organisation ouest-africaine indique dans son communiqué du 10 août privilégier « des moyens pacifiques » pour résoudre la crise, elle n’exclut pas une intervention militaire.
Le discours d’Alassane Ouattara à sa descente d’avion à Abidjan a irrité la colère du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Dans un communiqué, la junte nigérienne a décidé de rappeler son Ambassadeur à Abidjan pour consultation. Reste à savoir si l’Ambassadeur Abdoulaye Diori va se soumettre à cette injonction d’autant que l’Ambassadrice nigérienne en France et celui des Etats-Unis ont refusé de céder à l’injonction de la junte.
Verdict
Cette Une ou cover attribuée au magazine Jeune Afrique n’est pas vraie. Les propos attribués également au Président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, ne sont pas non plus vrais. Le Président ivoirien avait plutôt dit : « Je ne dois rien à personne, sauf aux Ivoiriens ». Dans sa phrase, le mot « France » n’y figure pas. Vous pouvez relire ici l’intégralité de cet entretien.
Cet article a été rédigé par Sally Bilaly SOW dans le cadre du projet d’Éducation au Média à l’Information et au Numérique Plus (EMIN +) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo.
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