Partager la publication "Santé/virus Mpox : une nouvelle souche créée en laboratoire ?"
Alors que la résurgence de la variole du singe ou virus Mpox a fait plusieurs morts dans certains pays africains (1 et2) et des cas sont détectés ailleurs dans le monde (1,2,3), le 15 août, ce compte X (anciennement Twitter) intitulé AES Info s’interrogeait dans ce post accompagné d’une photo montrant le dos d’une personne, présentant des boutons et des lésions : « variole du singe : un virus Frankenstein créé en laboratoire ?» Au moment de la rédaction de cet article, le post a généré plus de 86 000 vues, 140 reposts, 22 citations, 328 likes, 82 commentaires et 60 signets.
À la suite de cette publication qui a soulevé de nombreuses réactions, au moment où l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de déclarer que la variole du singe est une urgence sanitaire mondiale après l’explosion des cas de contaminations, la rédaction de Guineecheck.org a décidé de vérifier les allégations contenues dans ce post.
Mais c’est quoi la variole du singe ?
La variole du singe ou variole simienne, ou encore le Monkeypox est une maladie virale, présente depuis plusieurs années en Afrique. Elle peut se transmettre à partir d’un animal infecté à l’homme, par contact physique étroit entre des personnes, ou encore à travers l’environnement de l’homme, par l’intermédiaire d’objets et de surfaces touchées par une personne atteinte par la maladie.
Cette maladie se caractérise par une éruption cutanée survenant dans les 1 à 3 jours après l’apparition de la fièvre. Ces symptômes courants sont des lésions, des douleurs, de la fièvre, des maux de tête, des gonflements, des douleurs dorsales et musculaires. Les personnes atteintes de la variole du singe se rétablissent souvent en l’espace d’un mois, après avoir suivi un traitement adéquat et pris des vaccins. Mais la maladie peut aussi se révéler mortelle.
Une souche plus mortelle
Le sous-type clade 1b qui vient d’apparaître en République démocratique du Congo (RDC) est plus dangereux. Cette nouvelle souche du virus, découverte récemment est plus létale que la première, qui avait provoqué une épidémie mondiale en 2022. Le 08 août 2024, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS a assuré que cette souche « est responsable d’une maladie plus grave .»
Toutefois, il faut retenir que, contrairement aux affirmations de l’AES Info, ce sous-type n’est pas dû à une manipulation en laboratoire, mais à une mutation génétique du virus, comme le prouve cette collaboration de recherche internationale.
Déjà, depuis le début de l’année 2024, plus de 18 000 cas suspects ou confirmés de Mpox ont été dénombrés en Afrique, dont 1 200 en une semaine, selon le Centre de contrôle des maladies de l’Union africaine (Africa CDC), cité par Le Monde.
3 101 cas ont été confirmés et 15 636 suspectés, pour 541 décès enregistrés dans douze pays du continent, selon Africa CDC, qui précise que plusieurs variants du virus ont été répertoriés.
Qui sont les principales victimes de cette maladie ?
Contrairement aux allégations de l’AES Info, la plupart des décès ne surviennent pas chez des personnes déjà affaiblies par le VIH. Et si avant, les principales victimes étaient les homosexuels et bisexuels, cette nouvelle souche touche plus les nourrissons et les enfants. Ceci pourrait s’expliquer par leur vulnérabilité à la déshydratation et à la dénutrition que peut entraîner la maladie, mais aussi aux surinfections bactériennes des pustules qui envahissent la peau et les muqueuses des malades.
Selon Dr Rosamund Lewis, responsable du programme Mpox à l’Organisation mondiale de la santé à Genève, cité par la DW, « le taux de létalité global en République démocratique du Congo est d’environ 3,6 %, plus élevé dans les zones endémiques, en particulier chez les nourrissons et les jeunes enfants… ».
Le Mpox, désormais Urgence de santé publique de portée internationale
A la suite de ces chiffres alarmants et de la propagation de la maladie qui touche désormais l’Europe et l’Asie, l’OMS a déclenché le 14 août 2024 son niveau d’alerte sanitaire le plus élevé : Urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) au titre du Règlement sanitaire international (2005) (RSI). Africa CDC a, pour sa part, déclaré mardi 13 août 2024 une « urgence de santé publique », son plus haut niveau d’alerte.
Des experts qui s’inquiètent des conséquences d’une vaccination massive ?
C’est l’une des affirmations contenues dans le post. Cette affirmation n’est pas prouvée d’autant plus qu’il existe des vaccins homologués et efficaces contre le Mpox. Parmi elles, la vaccination contre la variole « classique » qui s’est révélée efficace à 85 % pour prévenir le Mpox.
Une importante quantité de doses en Afrique
D’ailleurs, le mardi 13 août, Africa CDC annonçait déjà le déploiement de 200 000 doses sur le continent, grâce à un accord avec l’Union européenne et le fabricant Bavarian Nordic. Malheureusement, selon le directeur général de l’agence, Jean Kaseya, ces doses ne seront pas suffisantes. D’après lui, un programme bien plus ambitieux serait en cours d’élaboration et devrait permettre de distribuer dix millions de doses.
Verdict
La publication du compte AES Info contient des contre-vérités sur certains points. D’abord, la plupart des décès ne surviennent pas chez des personnes affaiblies par le VIH, mais chez des nourrissons et enfants. Ensuite, il existe une nouvelle souche du virus, le clade 1b mais qui est issue d’une mutation génétique du virus, et pas d’une manipulation en laboratoire. Enfin, aucun expert n’a exprimé la crainte d’une vaccination massive, qui pourrait occasionner la résurgence de nouvelles variantes. Le post est donc trompeur et pourrait induire en erreur.
Cet article a été rédigé par Elisabeth Zézé Guilavogui. Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par Sally Bilaly Sow.
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