Partager la publication "Kaloum : pourquoi les femmes de Coronthie sont-elles descendues dans la rue"
Plus d’un mois après l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de la Guinée, des femmes du quartier de Coronthie ont, dans la matinée de ce jeudi 1er février, investi les rues de Kaloum, le centre-ville de Conakry. Selon les manifestantes, cette protestation vise à attirer l’attention des autorités sur leur situation. Cette grogne matinale spontanée a occasionné le blocage des accès menant au centre administratif et des affaires de la capitale guinéenne, Conakry.
Pour accéder au centre-ville de Kaloum où les activités étaient paralysées une bonne partie de la journée, de nombreux citoyens ont été obligés de faire à pied une partie du trajet.
Durant des heures, les manifestants – pour la plupart des femmes – scandaient des propos hostiles à M’Mahawa Sylla, gouverneure de la ville Conakry, accusée de manquer d’empathie à leur égard. Elles exigent, entre autres, du président Mamadi Doumbouya et du gouvernement guinéen, la distribution des dons mobilisés suite à l’explosion et destinés aux sinistrés. Elles réclament aussi la reconstruction des maisons détruites suite à l’incendie qui a suivi l’explosion du dépôt de carburant.
Dégâts matériels et humains enregistrés lors de l’incendie
Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, la capitale Conakry s’est réveillée avec un sinistre au principal dépôt de carburant du pays, situé à Kaloum. Une explosion accompagnée d’un incendie qui a fait plusieurs victimes et des dégâts matériels importants. Dans son communiqué en date du 22 décembre 2023, le gouvernement dénombrait 23 décès. À cela s’ajoutent 285 blessés qui ont été admis dans les structures sanitaires de la ville. Parmi eux, 243 ont regagné leurs familles et 42 personnes continuaient de bénéficier d’une prise en charge médicale gratuite.
Décompte des dégâts matériels…
Selon les autorités guinéennes, à la date du 22 décembre 2023, des équipes ont été constituées pour procéder à l’évaluation des dégâts. Un rayon fortement sinistré d’environ 500 mètres autour du lieu de l’incendie a été détecté. Le gouvernement y a dénombré près de 800 bâtiments endommagés, avant de rassurer qu’une évaluation technique approfondie sera faite pour plus de précisions.
De l’élan de solidarité nationale autour des sinistrés
Dès la matinée du 18 décembre 2023, les citoyens de Conakry se sont mobilisés en masse en faveur des victimes de l’incendie. Des bénévoles ont érigé un centre de gestion des dons dans la cour de la grande mosquée Fayçal. De l’eau minérale, du riz et d’autres vivres collectés par les bénévoles. Un appel à contribution a été lancé par Billet Facile sur les réseaux sociaux pour collecter des fonds en faveur des sinistrés. Une initiative de collecte de fonds qui a récolté plus de 345 141 000 francs guinéens.
Cette chaîne de solidarité à l’initiative de jeunes bénévoles a été reprise par le gouvernement à travers l’Agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires (ANGUCH) qui s’est occupée de la distribution des denrées collectées.
À l’international…
Plusieurs pays se sont mobilisés pour apporter leurs soutiens à la Guinée. C’est le cas de la Russie, de la France, des États-Unis, du Japon, de la Chine, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la Sierra Leone et d’autres pays amis de la Guinée.
Les précisions de la gouverneure de Conakry
À la suite de la manifestation de ce jeudi à Kaloum, la gouverneure M’Mahawa Sylla a pris la parole chez nos confrères d’Africaguinee.com. La première responsable de la ville de Conakry nie toute implication directe dans la gestion des dons et explique que ce rôle est dévolu à l’Agence nationale de la gestion des urgences et catastrophes humanitaires (ANGUCH). « je ne suis pas celle qui fournit la liste. Je ne suis pas celle qui a recensé. Le nombre défini par jour, on envoyait ces denrées là et on appelait les gens, mon rôle se limitait à la supervision seulement », se dédouane la générale de brigade à la retraite.
S’agissant du manque d’empathie qui lui est reproché par les sinistrés et les accusations de détournement des dons, la gouverneure M’Mahawa Sylla se défend et affirme œuvrer pour que chaque victime entre en possession des dons conformément au programme établi par l’ANGUCH. « Avant-hier (mardi), il y a un groupe qui est venu me voir pour me dire qu’ils n’ont pas eu le riz. Je leur ai fait savoir que ce n’est pas moi qui gère le riz et les personnes recensées », confie-t-elle à Africaguinee.
Elle déclare avoir remonté l’information pour une prise en charge de la requête auprès de l’Agence nationale de la gestion des urgences et catastrophes humanitaires. La générale à la retraite se dit d’ailleurs surprise de se réveiller avec une manifestation à Kaloum en lien avec la gestion des dons destinés aux sinistrés de Coronthie.
Obsèques
Dans la soirée de ce jeudi, le gouvernement a annoncé l’inhumation ce vendredi 2 février de 25 personnes décédées suite à l’explosion. 16 victimes de nationalité guinéenne, 8 de nationalité sierra-léonaise et 01 corps non identifié. Il rassure que des recherches sont en cours pour retrouver les personnes portées disparues dont aucun nombre n’a encore été fourni.
Cet article a été rédigé par Mamadou Ciré Barry et Ciré Baldé dans le cadre du projet d’Éducation au Média à l’Information et au Numérique Plus (EMIN +) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par Sally Bilaly SOW, Directeur de publication de GuineeCheck.
Une information à vérifier ? Une erreur à signaler dans l’article ? Ecrivez-nous à: alertes@guineecheck.org ou sur WhatsApp/Telegram/Signal au : +224 664 43 20 23 ou via l’ensemble de nos canaux sur les réseaux sociaux.
Comments