Partager la publication "Kindia : retour sur une journée de violences meurtrières…"
La commune urbaine de Kindia, située à plus de 130 kilomètres à l’est de Conakry, a enregistré de violentes manifestations contre le délestage d’électricité. Ces émeutes urbaines ont débuté dans la soirée du lundi 11 mars 2024 et se sont poursuivies dans la journée de ce mardi avec plus de détermination de la part des manifestants. Selon les autorités hospitalières deux personnes ont perdu la vie et plusieurs autres blessées dont des agents de maintien d’ordre.
Les jeunes manifestants réclament la desserte 24h/24 des ménages en électricité. Selon les informations recueillies par la rédaction de GuineeCheck.org, à la veille de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars et dans les jours suivants, la ville de Kindia a été desservie en électricité sans interruption.
C’est dans cette “Ville des agrumes” que les plus importantes célébrations gouvernementales se sont tenues en présence notamment du nouveau Premier ministre, Amadou Oury Bah, de la première dame Lauriane Doumbouya ou encore du ministre secrétaire général de la Présidence de la République, le général Amara Camara. Le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, y était également annoncé. Sans qu’il ne soit finalement de la partie.
Des habitants de la ville estiment que cette desserte continue de la ville en électricité était dûe aux présences de ces personnalités dans la Cité des agrumes. Les manifestants affirment que depuis le départ de la délégation gouvernementale, la ville s’est replongée dans l’obscurité. Mécontents de l’attitude de l’antenne régionale d’Electricité de Guinée (EDG), les citoyens, en majorité des jeunes, ont décidé de se faire entendre. Dans la soirée du lundi, ils ont un peu partout érigé des barricades dans la ville. Les agents de la police et de la gendarmerie ont utilisé des gaz lacrymogène pour les disperser…
Une journée meurtrière dans la Ville des agrumes !
Mardi, les habitants de Kindia se sont réveillés avec une atmosphère inhabituelle : routes barrées, des pneus brûlés sur la chaussée, des tas d’ordures et des pierres jonchaient les principales rues de la ville, boutiques et magasins fermés, telle a été l’image de la commune urbaine une partie de la journée. Déterminés, les manifestants se sont attaqués au commissariat central de police et au siège de l’agence locale de la société Électricité de Guinée (EDG).
Au même moment, la route nationale n⁰ 1 – l’une des plus importantes du pays – était bloquée et le trafic routier entre Coyah et Mamou était à l’arrêt. A la mi-journée, selon plusieurs témoignages que nous avons recueillis auprès de citoyens sur place, la police et la gendarmerie étaient débordées par la situation.
L’armée dans les rues de Kindia pour “restaurer l’ordre”…
Alors que la situation demeurait très tendue entre manifestants et forces de l’ordre, l’armée a été réquisitionnée pour « restaurer l’ordre ». « Nous avons vu des pick-ups de l’armée circuler dans les quartiers. Ils ont arrêté certains jeunes qui manifestaient », nous a confié un citoyen qui a requis l’anonymat, joint au téléphone par GuineeCheck.
En partance pour la préfecture de Mamou, le journaliste Dansa Camara, faisait partie des voyageurs bloqués à la rentrée de Kindia en provenance de Conakry. « C’est l’armée qui est intervenue. Les militaires ont enlevé les barrages érigés par les manifestants. C’est à ce moment que nous avons profité pour passer. On était bloqués là-bas depuis plusieurs heures », a-t-il expliqué.
Des morts et des blessés enregistrés à l’hôpital régional de Kindia
Selon les autorités hospitalières, deux personnes ont été tuées dans les affrontements entre manifestants et agents des forces de défense et de sécurité. En plus de ces deux morts, il y a eu plusieurs blessés dont certains par balles, conduits aux urgences de l’hôpital régional de Kindia. « Ce sont 14 victimes au total que nous avons enregistrées. Sur ces 14 cas, il y a 12 blessés et 2 corps sans vie que nous avons reçus. Parmi les 12 blessés, il y a 5 policiers et 7 civils », a expliqué Dr Moussa Camara, responsable de la cellule de communication de l’hôpital régional de Kindia.
Selon ce médecin, au moment de la rédaction de cet article, « les blessés sont sous traitement au niveau des services d’urgence et de chirurgie de l’hôpital régional de Kindia ». Les principales causes des blessures répertoriées sont les « traumatismes suite à des jets de cailloux » et des « blessures par balles mêmes », a précisé Dr Camara.
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