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Oui, le prix du riz est plus élevé à Bamako qu’à Conakry !

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Déclaration
À Bamako, 50 Kg de Riz c'est 420.000 francs guinéens. Pendant ce temps, en Guinée, 50 Kg de Riz est à 340.000 francs guinéens. Centre guinéen pour la promotion de l’agriculture (CGPA)
Verdict : Correct
Le prix du riz a connu une hausse au niveau mondial. Dans notre enquête, il s’est avéré que le riz coûte plus cher à Bamako, au Burkina Faso à Abidjan qu’en Guinée.
Ces dernières semaines, le prix du riz a grimpé en Guinée. Le sac de 50 kg (5% et 25% de brisures) est désormais vendu à 340 000 GNF à Conakry, la capitale. Cette hausse a fait réagir de ’nombreux internautes (lien archivé). 

« Le prix du riz a augmenté en Guinée. Pourquoi ? Ailleurs, c’est combien ? », s’interroge le Centre guinéen pour la promotion de l’agriculture (CGPA) sur le réseau social Facebook. Le 1er février, l’administration du CGPA a lancé le débat en indiquant qu’à « Bamako, [le sac de] 50 Kg de riz, c’est 420 000 francs guinéens. Pendant ce temps, en Guinée, [le sac de] 50 Kg de riz est à 340 000 francs guinéens ». Au moment de la rédaction de cet article, ladite publication a généré plus de 300 commentaires et plus de  200 partages.

Capture d’ecran de la publication du Centre guinéen pour la promotion de l’agriculture (CGPA)

« En Côte d’Ivoire, le kilo de riz coûte 600 FCFA. C’est une information, pas une comparaison. L’effet d’importation, c’est partout », assure le Centre guinéen pour la promotion de l’agriculture, malgré les critiques d’internautes dans les commentaires.

Capture d’ecran de la publication du Centre guinéen pour la promotion de l’agriculture (CGPA)

L’auteur soutient mordicus que « ce n’est pas seulement en Guinée. Même au Burkina Faso, le prix a grimpé jusqu’à 60% par rapport [à celui] en 2018. Le sac de 50 kg qui était à 17 500 FCFA en 2018 se négocie à 24 500 FCFA voire 25 000 FCFA cette année ». Dans les commentaires sous sa publication, l’auteur s’est défendu en affirmant que « se comparer est nécessaire pour trouver de meilleures réponses. La motivation qui nous pousse à ce type de comparaisons varie en fonction de nombreux facteurs ».

Face au tollé des multiples publications sur le prix du riz dans plusieurs pays de la sous-région, nous avons décidé d’enquêter sur le sujet. Dans nos démarches, nous avons contacté l’administration de la page Centre guinéen pour la promotion de l’agriculture (CGPA). Après moult relances, ils ont fini par accepter avant de nous renvoyer vers Siba Béavogui, directeur adjoint du CGPA qui affirme qu’à la date du 19 février, le prix de 50 Kg à Bamako tourne autour de 28.000 francs CFA, soit un peu plus de 400.000 GNF.

Prix en hausse au Burkina, au Mali et en Côte d’Ivoire

« Il y a une hausse du prix du riz actuellement. Il parle de 750 FCFA de plus. En fonction du type de riz, le prix varie. Le riz brisure coûte 14 000 les 25 kg. Le riz long

grain 12 250 FCFA pour 25 kg », détaille Brigitte Yoda, journaliste basée à Ouagadougou, au Burkina Faso, contactée dans le cadre de notre enquête. D’après le journaliste David Dembélé, au Mali le sac de 50 kg de riz se négocie à l’équivalent de 420 000 GNF. La Côte d’Ivoire n’échappe pas non plus à la hausse. 

Deuxième pays producteur de riz en Afrique de l’Ouest

Selon les chiffres officiels du Département américain de l’agriculture (USDA) pour la saison 2022-2023, la Guinée s’est hissée à la deuxième place des pays producteurs de riz en Afrique de l’Ouest, derrière le Nigéria. Le pays a produit environ 1,95 million de tonnes de riz étuvé en 2022-2023. D‘après les données de la plateforme TradeMap et en dépit de son statut de deuxième pays producteur de riz dans la sous-région, la Guinée a importé près de 800 000 tonnes de riz indien en 2022 pour 284 millions de dollars.

Raisons de la hausse du prix du riz

Face à la presse le 30 janvier 2024, l’ex-ministre guinéen du Budget, Lanciné Condé, affirmait que « chacun veut protéger sa population d’abord. L’Inde qui nourrissait le monde a décidé de restreindre les sorties de céréales, notamment le riz (…) Les produits de consommation de masse ont été interdits de sortie ou pénalisés avec des coûts supplémentaires qui ont été répercutés sur les prix à l’arrivée ».

Si le prix du riz a connu une augmentation globale, c’est en partie en raison de la hausse significative du coût des engrais. Il faut également noter, selon lui, que « les effets conjugués du COVID-19, de la guerre en Ukraine et les crises sécuritaires et climatiques ont entraîné une hausse généralisée des prix sur le plan mondial ». 

Ainsi, l’Inde, d’où proviennent 40% des exportations mondiales de riz, a imposé des restrictions à l’exportation de riz pour constituer des réserves nationales et limiter la flambée des prix locaux. Le Premier ministre indien Narendra Modi entend ainsi privilégier le marché local  afin d’« éviter les pénuries et une révolte de la faim, Modi a pris les devants : le riz indien restera en Inde. Il a commencé par interdire les exportations de brisures de riz, puis il a relevé les droits de douanes et enfin il a interdit toutes les exportations de riz blanc », renseigne Radio France.

« Les pays importateurs à faible production, tels que le Bénin, la Guinée et la Côte d’Ivoire, subissent de plein fouet les conséquences de cette inflation », note de son côté le site Agefi qui précise que « l’augmentation drastique du prix de cette denrée essentielle pèse lourdement sur le coût de la vie et risque d’aggraver les problèmes de malnutrition et de famine ».

En octobre 2023, l’Inde a autorisé l’exportation de 474 000 tonnes dans des pays africains dont la Guinée. Le Cameroun recevra précisément 190 000 tonnes et  deux lots de 142 000 tonnes pour la Côte d’Ivoire et la Guinée.

Les arguments du gouvernement pour justifier la hausse du prix du riz

Dans un communiqué de presse, le gouvernement guinéen a annoncé que le fret maritime d’un conteneur de 40 pieds passe de 1 382 à 3 072 dollars, soit une proportion de 150%. Quant à la chaîne d’approvisionnement du riz, elle a été perturbée par l’introduction d’une taxe de 20% à l’exportation en provenance de l’Inde (40% du marché mondial). La vente de tonne métrique du riz est ainsi passée de 510 à 610 dollars en moyenne.

D’après toujours les autorités guinéennes, comparativement aux pays voisins, les prix à la consommation en Guinée sont encore relativement bas. En effet, assure le gouvernement, « la moyenne sous-régionale du prix d’un sac de 50 kg du riz est de 468 000 GNF ».

Il assure que sans les mesures gouvernementales, le sac de riz de 50 kg vendu aujourd’hui à 340 000 francs guinéens dans la région de Conakry coûterait plus de 360 000 francs guinéens. Pour juguler la hausse du prix du riz sur le marché, le ministre Condé recommande aux Guinéens de varier leur alimentation en privilégiant les tubercules, dont l’igname et la pomme de terre, qui sont cultivées localement.

Verdict

Le prix du riz a connu une hausse au niveau mondial. Dans notre enquête, il s’est avéré que le riz coûte plus cher à Bamako, au Burkina Faso à Abidjan qu’en Guinée.


Cet article a été rédigé par Ciré Baldé dans le cadre du projet d’Éducation aux Médias, à l’Information et au Numérique Plus (EMIN+) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par  le directeur de la publication, Sally Bilaly SOW.


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