La salamandre est-elle dangereuse pour l’Homme ?

Le 18 janvier 2024, une internaute publie  cette photo montrant dans un morceau de pain un reptile ressemblant à une salamandre séchée. Dans sa légende, elle a écrit : « Dieu m’a encore sauvé ce matin. Je venais prendre mon petit déjeuner, et regardez ce que j’ai trouvé dans mon pain. Je vous prie de bien vérifier vos nourritures avant de manger. S’il vous plaît, faites le maximum de partages pour sauver des vies. Merci mon Dieu pour ta grâce divine ». A date, la publication a comptabilisé plus de 2 500 partages et plus de 160 commentaires

La publication a notamment été reprise par la page J’aime la Guinée avec en légende : « C’est grave ça! Vérifiez toujours avant de manger, voici une salamandre dans un pain. Je rappelle que c’est un reptile très venimeux [qui] est mortel ! ». Ce compte l’a également reprise. 

Analyse sur l’authenticité de l’image

Pour procéder à la vérification de l’image, nous avons effectué une recherche inversée d’images (voici comment procéder). Le seul résultat obtenu n’avait aucun lien avec notre sujet. 

Les explications de l’auteure de la première publication

Nous sommes donc entrés en contact, via Messenger, avec Fatoumata Bangoura, l’auteur de la publication initiale sur Facebook. Elle nous a expliqué comment la situation s’est passée et ce qui l’a poussée à publier sur les réseaux sociaux.  « C’est arrivé le 18 janvier. Bon j’avais coupé une partie du pain pour le petit déjeuner et j’ai ouvert le morceau pour enlever ce qui se trouve à l’intérieur. Et d’un coup, j’ai vu cet animal dans le pain. J’ai crié directement le nom de ma petite sœur qui avait aussi un autre morceau de ce même pain. J’ai jeté d’abord le pain. J’ai eu la peur de ma vie, ce jour-là. Quand je me suis calmée, j’ai repris le pain pour faire une photo et je l’ai posté pour dire aux gens de faire beaucoup attention à ce qu’ils mangent. », nous a-t-elle raconté.

Les salamandres sont-elles venimeuses ?

La publication confirmée par Fatoumata Bangoura, nous nous sommes donc intéressés à l’aspect “venimeux” de la salamandre. Nous avons joint un spécialiste sur les questions liées aux reptiles, Pr Cellou Baldé. « Je n’ai pas particulièrement étudié les salamandres, mais elles ne sont pas aussi venimeuses que les rumeurs le disent. Le seul contact avec cet animal qui peut être mortel à l’homme est la consommation de son sang. Et ça, c’est le cas de nombreux reptiles. Donc, c’est seulement en ingérant le sang de la salamandre qu’on peut être en danger », renseigne-t-il.

En Afrique de l’Ouest, confusion entre salamandre et gecko

Toutefois, il faut noter que dans nos recherches, nous avons trouvé qu’une certaine confusion existe entre le gecko et la salamandre. Le premier est le reptile le plus présent en Afrique de l’Ouest. En témoigne un article de l’AFP qui traite de ce sujet. « Les geckos ne représentent pas une menace pour l’être humain, a fortiori en Afrique, où ces publications sont partagées. Certaines espèces de salamandres sont « extrêmement venimeuses », mais elles ne représentent qu’une « toute petite partie du monde des salamandres », selon Jean Raffaëlli, herpétologue et auteur d’une encyclopédie consacrée à ces animaux, intitulée Les Urodèles du Monde (Ed. Penclen, 2013). D’après ce spécialiste des reptiles et des amphibiens, un genre de tritons, les Taricha, présents aux Etats-Unis, sont porteurs d’un « puissant venin » capable de tuer un être humain, la « tétrodotoxine ». Cependant, ces situations sont relativement rares et ne sont possibles qu’en cas de contact important avec l’un de ces animaux. D’autres types de salamandres sécrètent des toxines « qui leur permettent de se défendre face à la prédation ». Mais il ne s’agit « en aucun cas » d’une dose mortelle « pour un homme » », explique dans son article l’AFP.

Verdict

Les rumeurs entourant la salamandre sont inexactes. Il faut retenir qu’en Afrique de l’Ouest, ce sont plutôt les geckos qui sont présents, et ils sont quasiment inoffensifs pour l’être humain. Le seul contact fatal à l’homme reste l’ingestion du sang de ce reptile.

Cet article a été rédigé par Elisabeth Zézé Guilavogui dans le cadre du projet d’Éducation aux Médias, à l’Information et au Numérique Plus (EMIN+) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par Sally Bilaly Sow, directeur de la publication.

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