Affaire Kumpital-Maimouna Baldé : retour sur une polémique qui a entaché un bel élan de solidarité

Le 24 décembre 2023 le média en ligne KUMPITAL lance une cagnotte pour Maimouna Baldé, malade et alitée depuis plusieurs années. La campagne a connu un franc succès.Elle a récolté des dizaines de milliers de dollars.  Après un mois, l’initiative est au cœur d’une vive polémique entre les proches de la patiente et le média numérique.

Retour sur la maladie de Maimouna Baldé

La jeune femme au profit de laquelle le SOS a été lancé en ligne était étudiante en deuxième année à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry quand elle est tombée malade. Depuis novembre 2020, Maimouna Baldé souffre d’une maladie musculaire et est alitée. Ayant grandi auprès de sa grand-mère en manque de moyens dans une famille modeste, la jeune femme se voit complètement dominée par la maladie. Partie avec sa mère à Bamako pour chercher des soins, deux semaines après, celle-ci dit-elle, la laisse dans la capitale malienne et rentre en Guinée.

Ayant besoin de soutien physique et financier, elle ne peut rester seule à Bamako. C’est alors à son tour qu’elle décide de rentrer en Guinée. Maimouna Baldé décide d’appeler sa cousine résidente à Dakar, au Sénégal, pour lui demander de l’aide. Arrivée au Sénégal, elle découvre à l’hôpital qu’elle souffre d’un problème musculaire et que la maladie est à un stade très avancé.

Pourtant à Conakry, les médecins consultés lui avaient dit qu’elle souffrait du rhumatisme. Au Sénégal, toujours en manque de soutien physique et financier, elle se voit recommander par son médecin de rentrer en Guinée. Car sa maladie nécessite un soutien absolu. Selon nos informations, le médecin avait conseillé Maimouna Baldé de partir dans un pays occidental pour se soigner.

L’entrée en scène de KUMPITAL

De retour en Guinée, Maimouna entend parler du média d’informations en ligne KUMPITAL et cherche à entrer en contact avec lui. Ce qui fut fait. L’entrée en scène de ce média communautaire qui est suivi en Guinée et dans la diaspora, à travers ses réseaux sociaux, visibilise l’etat de santé de la jeune femme. Il réalise une vidéo de Maimouna Baldé en expliquant son histoire. Dans la foulée, il lance une cagnotte pour l’aider. L’histoire de Maimouna touche beaucoup de personnes qui ont répondu rapidement à l’appel en lui faisant un geste. La cagnotte mise en ligne a récolté plus de 40 000 euros. Le compte Orange Money a aussi reçu des fonds.

D’après des témoignages, KUMPITAL a proposé à Maimouna qui est toujours alitée à l’hôpital de commencer à chercher les papiers de voyage et un logement pour elle.

La polémique enfle

Mais quelques semaines après le succès de la campagne, beaucoup de personnes d’internautes se sont interrogés, sur le réseau social Facebook, sur l’utilisation des fonds récoltés. C’est le cas de Général Bailo qui a écrit : « Pourquoi Kumpital veut coûte que coûte sortir Maïmouna de la Clinique ? Elle n’ira ni à Coza, ni à Chino Guinée, ni dans la maison que vous voulez louer à son nom. Vous n’avez pas voulu être sérieux pour l’aider mais vous serez obligés de le faire, on ne va pas vous lâcher. Elle n’est pas muette et n’a pas perdu conscience. Pour me démentir, faites la parler alors. Un mois après la collecte, à part les 90 millions qu’elle a directement reçu sur son numéro et les visiteurs, pourquoi vous ne voulez rien lui dire ? Pourquoi une semaine qu’elle vous demande au moins la photo de son passeport, comme vous dites qu’il est sorti, impossible ? Si quelque chose lui arrive, vous allez répondre ».

Contacté par la rédaction de GuineeCheck.org, Général Bailo dit qu’il “ne peut pas s’exprimer sur ce cas à un média” car, selon lui, “la personne qui connaît le mieux le dossier”, c’est Cheikh Alioune. 

Contacté à son tour, Cheikh Alioune est revenu un peu plus sur le déroulement des faits. « Les premiers fonds pour le traitement de Maimouna Baldé ont été réunis par l’Association de Tougué. Quand KUMPITAL avait réalisé la première vidéo, Maimouna m’avait appelé pour m’avertir. J’ai trouvé ça juste et noble de la part de KUMPITAL. Les problèmes ont commencé avec le passeport, à chaque fois que je demande à son sujet, ils me disent que le dossier est avec un “Elhadj”, et le dossier d’évacuation est géré par le patron de KUMPITAL qui est en France. Puis un jour le patron de KUMPITAL m’a dit que Maimouna et moi nous n’étions pas de la même famille, par conséquent il ne rend compte qu’à sa famille. Maimouna m’a choisi comme garant pour les comptes-rendus. Son oncle n’était au courant de rien et Maimouna non plus. La fille m’a dit qu’elle voulait quitter la clinique parce que l’argent risquait de finir. L’état de santé de Maimouna n’a pas changé, elle ne peut rien faire pour elle. La vérité, c’est qu’il n’y a pas de transparence. Même elle n’est pas rassurée », nous a-t-il expliqué.

KUMPITAL s’explique dans une vidéo 

Dans une vidéo publiée le 26 janvier 2024, le responsable de KUMPITAL a donné des précisions sur le cas de Maimouna Baldé. « On a envoyé Maimouna Baldé à la clinique, comme on a trouvé qu’on commence à avoir un peu d’argent, et la fille a besoin d’une évacuation pour se soigner. Donc, on a commencé les démarches pour ses papiers. On a commencé par l’extrait de naissance, après le passeport. Son passeport est sorti depuis le 04 janvier 2024. Après ça, nous savons tous que Maimouna Baldé a une famille. On a jugé nécessaire de contacter sa famille, on est rentré en contact avec sa grand-mère et son oncle. On est passé par Elhadj Badrou Bah, imam de Labé, pour pouvoir parler avec sa mère ; ça n’a pas été facile mais c’est comme ça. Quand l’argent a commencé à rentrer, la fille a son compte Orange Money. Tout l’argent qui rentre là-bas, c’est elle qui gère. Maimouna nous a suggéré une personne pour les démarches de nom de Cheick Alioune, président de l’Association de Tougué. On lui a dit que comme toute la famille de Maimouna fait partie de l’Association de Tougué, il n’a qu’à faire équipe avec la famille, ils vont venir ensemble. Cheikh Alioune avait précisé qu’il voulait ouvrir un compte bancaire pour la fille, parce qu’elle lui confiait beaucoup d’argent et il ne peut pas garder tout cet argent à la maison. Je lui ai dit que comme Maimouna a confiance en lui, nous aussi, on a confiance. Maimouna Baldé a passé tous les examens à la clinique de professeur Amara Cissé, un professeur agréé en France. A la clinique, on a fermé la porte. A part KUMPITAL et sa famille, personne ne rentre pour la voir. Quand les dossiers sont arrivés en France, on les a donnés aux spécialistes qui sont partis voir les meilleurs médecins qui nous ont donné l’accord de principe. C’est l’accord que les médecins donnent pour dire que oui si Maimouna Baldé vient ici ils pourront la soigner. (…) On a eu un hôpital prêt à prendre Maimouna pour la soigner, ils ont demandé des papiers pour compléter la cardiologie. On attend ses dossiers. Après, ils nous donneront la facture. C’est après ça que nous allons demandé les papiers pour partir à l’ambassade pour le visa. Le jour où on fera un compte rendu final, ce sera à la fin de la cagnotte, quand elle sera fermée. Or, on n’a pas la certitude que l’argent qu’on a récolté suffira pour soigner la fille. Je demande à tout le monde de faire attention », a lancé le patron du média.

Cet article a été rédigé par Mamadou Oury Diallo dans le cadre du projet d’Éducation au Média à l’Information et au Numérique Plus (EMIN +) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par Sally Bilaly SOW, Directeur de publication de GuineeCheck.

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