Attention à ces images prétendant montrer des défilés du concours Miss Guinée

L’allégation faite sur le réseau social Facebook selon laquelle les candidates au concours Miss Guinée défilent en “bikini” n’est pas exacte (publication sur Facebook supprimée depuis par son auteur mais archivée ici encore ). Si l’une des images provient effectivement d’un concours de beauté organisé en Guinée, les autres sont hors contexte. Mais en pleine polémique autour des « soirées Dior », le post d’origine est rapidement devenu viral, relayé par d’autres pages et des comptes sur Facebook.

Face à l’intérêt qu’il a suscité, la rédaction de GuineeCheck.org a décidé de vérifier son authenticité. Pour vérifier cette allégation, nous avons utilisé la recherche d’images inversées de Google. Ainsi, nous avons cherché des occurrences pour toutes les images publiées par la page Baraka.infosplus sur le réseau social Facebook. Ce qui nous a permis de retrouver l’origine exacte des images. L’une d’entre elles est effectivement issue des clichés de Miss Guinée 2017. À l’époque, les candidates avaient défilé en bikini, lors de l’épreuve dénommée « tenues de la vérité ». Ce qui avait valu la suspension du comité d’organisation du concours de beauté pour une période d’une année par les autorités guinéennes.

© Miss Guinee 2017 lors de la sortie  » tenues de verité »

Cependant, les autres images n’ont aucun lien avec la Guinée. Ce sont celles de la compétition Miss petite taille, organisée en janvier 2022 en Côte d’Ivoire disponible sur sa page Facebook. Ces images réunies dans une publication sans contexte peuvent créer un véritable problème de compréhension pour les internautes.

Le Comité Miss Guinée suspendu pour « atteinte aux mœurs » en 2017

En février 2017, le Comité Miss Guinée (COMIGUI), organisateur de la cérémonie Miss Guinée, la plus grande compétition de beauté du pays est suspendu par les autorités. Pour cause, une épreuve du concours, où les candidates ont défilé en bikini (voir le photo précédente). Un acte mal interprété par la société, créant une vive indignation, notamment sur les réseaux sociaux. Aussitôt, le département d’alors – le Ministère de la Culture, des Sports et du Patrimoine historique – a réagi en suspendant le Comité Miss Guinée de toute activité jusqu’à nouvel ordre. Le département, dirigé à l’époque par Siaka Barry, lui a reproché des « manquements dans l’organisation de l’édition 2017 » et des éditions précédentes. La rédaction d’un cahier de charges et d’une charte éthique a été annoncé pour « la promotion de l’image la plus positive » des valeurs traditionnelles guinéennes. Après sa suspension, le COMIGUI va finalement reprendre ses activités dont l’organisation du concours Miss Guinée en 2018.

Le mea-culpa de l’auteur de la publication…

Dans le souci d’équilibrer notre article, nous avons contacté l’auteur de la publication via la messagerie de Facebook. Dans sa réponse, il reconnaît avoir publié des images hors contexte. « Après vérification, j’ai compris que d’autres images n’étaient pas en Guinée, par contre il y a une c’était en Guinée, Miss 2017 », a-t-il répondu.

A la question de savoir pourquoi n’a-t-il pas fait une publication de correction sur sa page, au lieu de supprimer le post, il a déclaré : « J’en ai terminé avec cette actualité ».

Les « soirées Dior » ou la pomme de la discorde

La publication de cette information hors contexte intervient à la suite de la suspension des soirées Dior par certaines collectivités territoriales guinéennes. Ces soirées sont décrites comme récréatives et culturelles par leurs adeptes. Organisées en boîte de nuit, dans des restaurants ou dans des domiciles, elles réunissent exclusivement des jeunes femmes habillées avec des longues robes multicolores aux motifs identiques (comme sur la photo ci-dessous).

Une image illustrant les soirées Dior. ©DR

Certaines personnes dénoncent ces soirées lors desquelles il y aurait des danses vulgaires, la consommation d’alcool et d’autres pratiques immorales. Face à la vive polémique alimentée par les réseaux sociaux, les autorités de Siguiri, préfecture située au nord-est de la Guinée, ont décidé d’interdire les soirées Dior dans la localité. Les autorités locales dénoncent « une danse à caractère sensuel » qui constitue une atteinte à la pudeur en milieu public.

Peu de temps après, elles sont suivies par les autorités de Lola dans la région de N’Zérékoré (au sud-est de la Guinée) qui, elles aussi, ont décidé d’interdire ces soirées dans leur localité. S’ensuivent alors des débats à couteaux tirés sur les réseaux sociaux notamment Facebook, entre pro et anti « soirées Dior ».

Verdict

La publication qui prétend que le concours Miss Guinée se fait avec des bikinis n’est pas exacte. Les images utilisées pour l’illustrer sont hors contexte, sauf une qui avait valu au COMIGUI une suspension d’environs une année.

Cet article a été rédigé par Mamadou Ciré Barry dans le cadre du Projet ‘’endiguer les désordres de l’information au Sahel’’, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par Sally Bilaly Sow.

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