Partager la publication "Faux, Camille Makosso ne s’est pas fait recenser en Guinée dans le cadre du RAVEC !"
Depuis mai 2025, plusieurs publications circulent sur les réseaux sociaux, particulièrement Facebook, semblent montrer l’influenceur ivoirien Camille Makosso, actuellement en Guinée, en train de se faire recenser dans le cadre du Recensement administratif à vocation d’état-civil (RAVEC). Ces images ont rapidement suscité de vives réactions entre opposants et partisans à la “naturalisation” de celui qui se présente comme le roi de la marmaille.
Mais c’est à la fin du mois de juin que le prétendu recensement de Camille Makosso a pris une nouvelle ampleur. En effet, le 25 juin (dernier jour de recensement pour les Guinéens de l’étranger), le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, s’est vu d’abord refuser son enrôlement au centre de Treichville à Abidjan avant de se rendre à l’Ambassade de la Guinée en Côte d’Ivoire. Une décision des autorités diplomatiques guinéennes vivement dénoncée par le parti de l’ancien Premier ministre.
Dans ce contexte de tension politique, le parallèle entre les images montrant Camille Makosso dans un centre d’enrôlement et le refus de recensement opposé à Cellou Dalein Diallo, pousse certains internautes à dénoncer un “deux poids, deux mesures” des autorités guinéennes, ramenant au-devant de la scène le sujet de l’influenceur ivoirien.

Photomontage de quelques publications sur le prétendu recensement de Camille Makosso dans le cadre du RAVEC. © TCD / GuineeCheck.org
Face à cette polémique, la rédaction de GuineeCheck.org a jugé nécessaire de vérifier les allégations selon lesquelles Camille Makosso s’est fait récemment recenser en tant que citoyen guinéen dans le cadre du programme RAVEC.
Pour mener nos recherches, nous avons commencé par des recherches avancées sur la page de l’influenceur. Là-bas, nous n’avons trouvé aucun des clichés allégués. Dans nos recherches, nous avons identifié une dizaine 10 publications avec les mêmes images avec des textes légèrement modifiés par endroits, dans lesquelles les auteurs affirmaient le recensement de l’influenceur ivoirien. Mais nous n’avons trouvé aucune preuve tangible pouvant attester que Camille Makosso figure dans le fichier du RAVEC établi entre le 15 avril et le 25 juin 2025.
Afin de nous assurer que les images n’ont pas été montées ou détournées de leur contexte originel, nous les avons soumises à une recherche inversée, notamment dans l’outil FotoForensics. Les résultats obtenus montrent qu’aucune modification n’a été détectée sur les images.
Alors, une question demeure : Makosso a-t-il été recensé en Guinée ?
Pour répondre à cette question, nous continuons nos recherches. L’une d’elles nous a conduit à la dernière émission de Star en ligne, en date du 19 juin 2025, diffusée sur la chaîne West Africa TV, dans laquelle l’ivoirien était invité. À la 66e minute de l’émission, c’est-à-dire à 1h 06 min 47 secondes (sur une durée totale de 1h 20 min 47 secondes), l’animateur a demandé à son invité s’il possède un passeport et une carte d’identité guinéenne.
Ce à quoi Camille Makosso a répondu : « Non, je n’ai pas la carte d’identité guinéenne. Je n’ai pas le passeport guinéen. Il y a eu beaucoup d’images. On pensait que j’étais allé me faire enrôler, non. J’ai visité une île et je suis entré dans un centre d’enrôlement. En le visitant, ils ont pris des photos. Donc, beaucoup de personnes pensaient que je venais de me faire enrôler. ». Poursuivant, il a toutefois montré son intérêt pour la nationalité guinéenne. « Ce serait mon plus grand honneur (…) Si on me le propose, je ne dirais pas non », a-t-il tranché dans cet échange avec l’animateur de l’émission, “Campbell”.
Des photos pour le buzz
Contacté par mail par la rédaction de GuineeCheck.org, le web-influenceur a formellement démenti de s’être fait recenser. « C’est une visite que j’ai faite à un centre d’enrôlement sur l’une des îles, a-t-il répété. Je ne me suis jamais fait recenser ».
Quand on lui a posé la question de savoir s’il est conscient de l’interprétation faite de ses images et de qui a partagé la publication en premier, Camille Makosso a renchéri : « J’en suis conscient. Mais comme j’aime le buzz, ça fait parler de moi ».
Selon Camille Makosso, c’est une page dénommée Ma Guinée d’abord 224 qui l’a publié en premier. C’était « dans l’esprit de motiver les gens au recensement. Et ce fut un bon retour », nous a assuré l’influenceur ivoirien.

Capture d’écran d’une publication annonçant son recensement – © IBD / GuineeCheck.org
Cette publication faite le 06 mai dernier comptait au moment de la rédaction de cet article plus de 200 commentaires et plus 170 partages.
Nous avons voulu obtenir la réaction des autorités guinéennes
Toujours dans notre vérification des allégations qui circulent à ce sujet, nous avons également contacté la Coordination nationale du RAVEC via un numéro de téléphone trouvé sur son site internet. Une personne a répondu à notre appel, mais dès qu’on lui a évoqué le prétendu recensement de Makosso, notre interlocutrice a dit qu’elle « ne saurait » nous répondre. Néanmoins, elle nous a conseillé d’appeler le 105. « Peut-être, vous aurez une réponse », a-t-elle conclu.
Lorsque nous avons appelé le 105, c’est un répondeur automatique qui a répondu. « Aucun agent disponible », a-t-il indiqué.
Après cette tentative infructueuse, nous avons envoyé un mail à l’adresse officielle de la Coordination nationale du RAVEC. Mais au moment de la publication de cet article, nous n’avons toujours pas obtenu une réponse. Si nous obtenons une réponse, nous le mettrons à jour.
Ce qu’il faut retenir du RAVEC
Entre le 15 avril et le 25 juin 2025, la Guinée a organisé une opération de recensement à vocation d’état civil (RAVEC) sur l’ensemble du territoire national. Ce programme visait à doter chaque citoyen d’un identifiant unique en collectant des données biométriques et personnelles, en vue d’améliorer la gestion de l’état civil, de renforcer la planification publique et de préparer une base fiable pour les prochaines élections.
Pour être recensé, il était nécessaire d’être Guinéen (national ou résident à l’étranger), d’avoir au minimum 10 ans révolus, et de se présenter dans un centre d’enrôlement muni d’un document d’état civil : extrait de naissance, jugement supplétif ou certificat de nationalité.
Verdict
Les affirmations selon lesquelles Camille Makosso s’est fait recenser en Guinée dans le cadre du RAVEC n’ont pas été prouvées. L’intéressé a lui-même réfuté les allégations à plusieurs reprises, notamment lors d’un échange par mail avec GuineeCheck.org, expliquant qu’il s’agissait d’une simple visite dans un centre d’enrôlement. Les images partagées sur les réseaux sociaux visaient, selon ses dires, à encourager la population guinéenne à se faire recenser — une action relayée de manière volontairement ambiguë par certaines pages pour générer sans doute de l’engagement.
Cet article a été rédigé par Ibrahima Tanou Diallo dans le cadre du Projet endiguer les désordres de l’information au Sahel, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il a été édité par Thierno Ciré Diallo et approuvé par Sally Bilaly Sow.
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